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KSK - kadiatou KANTE SINAY 

 

Elle est céramiste autodidacte. Elle a la détermination lumineuse, la curiosité en intraveineuse et l’ambition de faire chanter la matière. Un pré-destination, pourrait-on penser,

 

lorsqu’on porte un nom au rythme mélodieux, comme le sien : « Kadiatou Sinay Kanté ».

 

Ses créations fredonnent des sonorités métissées ; Métissage que Kadiatou porte dans ses origines sénégalaises, maliennes et bretonnes. Elle fait passer dans ses mains ce mélange des cultures et le ré-invente dans un heureux ballet de volumes, de couleurs et de matières.

 

Ses matériaux et ses choix inspirés s’accordent comme l’orchestre avant le concert: l’éclat de la porcelaine, les faïences mêlées

de perles de bois, la douceur des argiles, les murmures des bois de tamarin et de lilas se taisent doucement sous l’incursion du bronze quand soudain le frémissement de quelques feuilles d’or éparpille la lumière…

Alors que des effluves de cire d’abeille émanent discrètement du ventre de ses vases.

Dans l’entrée de son atelier, on entend déjà le bruissement des secrets de dame Nature que la céramiste révèle à qui sait regarder. Elle observe, elle dessine, elle modèle, elle sculpte, elle mélange, elle broie, elle pigmente, elle incruste, elle putoise, elle gratte, elle cuit … Et chaque pièce finit par jaillir de ses mains avec la beauté hasardeuse d’une explosion de joie.

Des différentes techniques accumulées, aux expériences inspirées, à la maîtrise de ses gestes, on ne peut dissocier le charme et la vitalité de sa personne.

 

On l’imagine volontiers en prêtresse des terres blanches, rouges et noires, se laissant guider par une intuition toute organique que l’on retrouve savamment transmutée dans ses tasses-cratères veinées de ses huiles molles aux pigments ocres, ses vases corail à la faïence marbrée, cet autre pièce occupée à capturer le vol des oiseaux ou encore ses boites Dogons dont on tarde à trouver l’ouverture comme un accès secret. Et voilà que l’usage de ces objets quotidiens se change en un rituel poétique de chaque instant. Ses pièces réclament leur existence comme une joie impérieuse d’être au monde. Déjà enfant, ses mains intranquilles s’amusaient à mettre en scène les matières de tout ordre. Kadiatou aurait-elle cette faculté précieuse d’avoir gardé près d’elle son âme d’enfant qui lui chuchote à l’oreille la facétie de ses couleurs, l’audace de ses mélanges et la pureté de ses lignes ?

 

On devine que son intime rapport à la terre la porte légère d’un hémisphère à l’autre. On soupçonne qu’un seul de ses éclats de rire déclenche assez d’élan pour traverser les épreuves et les matières. On déduit que son rapport aux objets à tout à voir avec son rapport à la vie. 

Kadiatou travaille à cette transposition vitale en retenant les instants dans les formes. Et par l’alchimie de sa nature, de son travail, de son art, elle réussit à rendre ces instants sonores.

Alors souhaitons-nous, chercheurs de beauté, qu’elle insuffle encore longtemps dans ses créations ces chants colorés, si harmonieux d’amour.

 

Isabelle Martinez

 
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